Depardieu.
Favori du Prix d'interprétation pour son rôle de crooner dans Quand j'étais chanteur

 

Cannes
Envoyé spécial

Quand j'étais chanteur ***
De Xavier Giannoli, avec Cécile de France, Christine Citti, Mathieu Amalric, Patrick Pineau. 1h52. Sélection officielle. Sortie le 13 septembre.
Les sifflets. Les bravos. A Cannes, Depardieu a tout connu déjà. Tout vécu, mais il ne s'en lasse pas...
... Ici, au côté d'une Cécile de France silencieuse, émue et frémissante, il joue un élégant crooner de bal populaire. Et pour les bravos, voilà que ça recommence : chaque fois que son film a été projeté vendredi, même concert de vivats, même volée d'ovations. Il y a de quoi. Quand j'étais chanteur restera l'une de ses meilleures performances d'acteur de tous les temps. Un de ces moments de grâce absolue où l'on tend à invoquer la technique, le talent, mais où l'on perçoit surtout de la vie
. Depardieu ne joue pas ici, Depardieu respire. Pas un effet, ni de tic d'acteur, juste une nature exprimant son bonheur d'être face à une caméra et de donner le change.

 

Touché par l'histoire, Super Gégé. Par l'histoire et son auteur, Xavier Giannoli, garçon fébrile, artiste aigu qu'il est d'une certaine manière venu protéger ici, dans ce festival qui tend à manger tout crus ceux que leurs nerfs trahissent. Qu'il se détende, Xavier (Palme d'or du court-métrage 1998), son film, de facture minimale et d'inspiration modeste, est une ode à la mélancolie d'une jolie densité humaine ; une variation attachante sur le sentiment amoureux qui transmet une bonne humeur salutaire. Lors de la première projection, les festivaliers ont quitté la salle avec un sourire accroché à leurs lèvres, en fredonnant un air charmant de Michel Delpech ; celui qui donne son titre au film.

Sans être exactement une comédie, le film a mis les premiers spectateurs de bonne humeur.
Ca ne m'étonne pas. Sur l'écran immense de la grande salle [Le théâtre Lumière], les sentiments purs que véhicule le film ont dû passer très fort. Xavier a écrit une histoire "vraie". L'émotion passe par l'image, on y parle peu, mais tout y est dit.

 

Xavier Giannoli emprunte à François Truffaut lorsqu'il vous fait dire : "Les chansons disent la vérité, surtout quand elles sont sentimentales."

Oui, ce qui me rappelle cette scène où le personnage de Fanny Ardant dans La femme d'à côté clamait combien Ne me quitte pas de Brel avait un sens profond pour elle. Le film souligne aussi la beauté de cette chanson absolument fantastique de Christophe et que je ne connaissais pas : Les paradis perdus. Sublime. Il y a un art là-dedans.
...
Question bête : la chèvre de compagnie que votre personnage élève dans le film, c'est un clin d'oeil à votre succès avec Francis Veber ?
[Eclat de rire gargantuesque.] Ca m'aurait amusé, mais non ! Elle était vraiment très chiante. C'est même l'actrice avec laquelle j'ai eu le plus de mal de ma vie.
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Si on décroche la Palme, je sais déjà ce que je dirai : puisque vous m'aimez, je vous aime aussi. Et on ira se coucher !